LORSQUE LES CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES SE DÉTÉRIORENT , les chemins d'accès pour le pâturage se transforment en véritable bourbier. Ils présentent alors de nombreux risques pour les vaches : mauvaise santé de la mamelle, boiteries… La boue peut rester coller à leurs pattes et masquer les bracelets identifiant le lait à écarter du tank. De plus, ces mauvaises conditions entraînent une perte de temps pour l'éleveur (déplacements des animaux et nettoyages des mamelles en salle de traite plus long). À l'inverse, des chemins en bon état sont une source d'économie alimentaire. Les animaux peuvent sortir plus tôt à l'herbe mais également rentrer plus tard. Même si l'aménagement de chemins représente un investissement important, celui-ci peut être rapidement amorti au vu des avantages escomptés.
NICOLAS LOUIS, EN COLLABORATION AVEC VICTOIRE CROIN ET CORINE SABATIER, DU CONTRÔLE LAITIER DU PAS-DE-CALAIS
PREMIÈRE ÉTAPE INDISPENSABLE
- Avant de revêtir le chemin d'un matériau, il faut le stabiliser. Retirer l'herbe et la terre sur une profondeur de 15 à 20 cm. Réaliser un empierrement d'au moins 20 cm à l'aide de cailloux, de marnes… Compacter fortement pour obtenir une surface régulière. Le surélever et l'incliner pour que l'eau s'évacue aisément.
- En début de réseau, la largeur du chemin va dépendre de la taille de l'élevage. Prévoir 3 m pour les troupeaux de moins de 50 vaches, 4 m pour 50 à 100 animaux et 5 m au-delà. Une largeur d'1,50 m peut suffire pour les accès secondaires.
- À savoir : pour éviter que le chemin ne se tasse, la pose d'un tapis géotextile entre le sol et le remblai peut s'avérer utile. Ce tissu poreux évite le mélange entre la terre et les cailloux.
ÉCONOMIQUES MAIS ENTRETIEN NÉCESSAIRE
- À condition d'en disposer à proximité de l'exploitation, cette solution est la moins coûteuse. Compter entre 2,50 et 3,50 €/m2. Ces matériaux s'avèrent également simples à mettre en oeuvre. On conseille de disposer une couche de 5 à 10 cm selon l'épaisseur de l'empierrement.
- Inconvénients : la craie comme le sable sont difficiles à niveler et manquent de stabilité. Ne pas les utiliser lorsque les sols sont détrempés. L'entretien de la couche d'usure nécessite d'en apporter chaque année. Mais le coût de cette opération est faible : environ 0,15 €/m2/an. Les sables trop grossiers peuvent entraîner des blessures sur les onglons des bovins. En période de pluie, la craie devient glissante, on recommande donc d'étaler du sable par-dessus.
ATTENTION AUX SOLS DÉTREMPÉS
- Là encore, ces matériaux sont intéressants s'ils sont disponibles à proximité de l'exploitation. Cette technique nécessite la mise en place d'une couche de 10 à 15 cm. Coût : 6 à 9 €/m2 selon l'épaisseur. Les copeaux durent plus longtemps car ils sont moins poreux que les écorces.
- Inconvénients : les copeaux et les écorces sont difficiles à tasser. En cas de sols détrempés, les chemins se transforment rapidement en bourbier. Pour éviter la formation d'ornières, mieux vaut atténuer les virages. Le passage d'engins agricoles est déconseillé.
TRÈS DURABLES MAIS ONÉREUX
- L'asphalte comme le béton sont très résistants. Dans le cas où seuls les animaux circulent sur le chemin, une épaisseur de 5 cm suffit. Pour le passage d'engins agricoles, une couche de 10 à 15 cm est nécessaire. Cette technique est particulièrement adaptée pour renforcer les accès à proximité des bâtiments et pour la circulation des grands troupeaux. L'asphalte doit contenir au minimum 6 % de bitume et la pose d'une épaisseur de 7 cm est conseillée. Le béton doit présenter une classe de résistance de C30/37.
- Inconvénients : solution la plus onéreuse, 8 à 12 €/m2. Attention aux bétons trop lisses qui peuvent provoquer des glissades d'animaux. Pour éviter ce danger, on recommande de le rainurer.
DES DÉCHETS À VALORISER
- Selon les disponibilités, l'éleveur peut utiliser des scories de sucreries, provenant de la transformation de betteraves, ou de mâchefer, sous-produits de la combustion du charbon. Elles sont simples à mettre en oeuvre, une couche de 5 à 7 cm est étalée par-dessus le remblai. Ces deux matériaux se compactent facilement et tiennent bien en place. Ils peuvent supporter le passage d'engins agricoles. Cette technique est peu onéreuse : de 3 à 5 €/m2.
Inconvénients : un entretien au minimum tous les deux ans est à réaliser, voire chaque année en cas de forte pente.
FACILE À INSTALLER MAIS COÛTEUX
- La pose de revêtements synthétiques peut s'effectuer après avoir stabilisé le chemin ou à même le sol. Ces grilles en plastique sont faciles à mettre en place comme à démonter. Elles sont adaptées aux sols détrempés.
- Inconvénients : la durabilité et l'efficacité des revêtements synthétiques sont variables selon les marques. Cette technique se révèle également assez coûteuse : entre 6 à 8 €/m2. Posés à même le sol, ces matériaux sont pratiques pour la couverture de petites zones ou alors installés de manière temporaire.
UTILISER DES MATÉRIAUX DE RÉCUPÉRATION
- Des matériaux de récupération peuvent aussi être utilisés pour l'aménagement de chemins d'accès. Ainsi, les poutres en bois sont des revêtements particulièrement adaptés en cas de fortes pentes (supérieures à 30 %). On peut aussi les employer sur des sols détrempés. Positionnées en travers du passage, elles permettent de créer des escaliers, pour faciliter le déplacement des bovins mais également l'évacuation de l'eau. On conseille de faire des marches d'environ 20 cm de profondeur.
- L'emploi de caillebotis d'occasion peut aussi se révéler judicieux. Posés à même le sol, ils sont faciles à installer comme à démonter.